Je ne suis pas chômeur, pas retraité, pas rentier?je bosse. Et pourtant je passe les trois quart des journée à courir pour mon plaisir, faire du vtt et du farniente sur la plage. Je ne vais pas vous dévoiler le secret qui me permet de vivre cette vie de pacha tout en gagnant ma vie. Trop peur que chacun de vous ne se précipite dans cette brèche paradisiaque et vienne piétiner mes plats de bandes?Même si je vous aime beaucoup faut pas pousser?
Alors sur la plage qu?est ce que je fais, comme ça toute la journée ? :
J?observe, je sur-plane le long littoral, je compte les coquillages vides , j?égraine des poignées de sable en faisant bien attention de le faire dans le sens du vent, c?est plus jolie et je laisse mon regard faire des ric hochets sur les brillances marines.
Et depuis quelque temps, sur la plage, tout au bord du rivage, elles sont là : les méduses sont arrivées. C?est de cela que je veux vous parler.
Elles sont transparentes comme de l?eau. Mon avis pourrai être qu?il ne doit pas y avoir tellement de cerveau dans ces masses étrangement mollasses?Un regard, une émotion, une pensée de l?ordre du noyau d?atome ? Peut être même pas.
Mais méfiance. On ne sait jamais. Les mystères de la nature sont insondables et rien ne prouve que la masse grisâtre et parait t?il assez compact de notre cerveau d?humain soit le top du concentré d?intelligence.
Rien ne dit que la matière transparente de la méduse ne soit pas cérébrale et même du cérébral parfaitement épurée et débarrassée de toutes impuretés parasites.
L?apparence passive et c?est vrai aussi totalement inerte de ces amas de cellules remplis d?eau claire, pourrait être en fait les véritables signes de la plus parfaite sagesse en ce monde. Et si les méduses avaient atteint le degré ultime de l?intelligence : Pourquoi bouger ? Pourquoi être ? Pourquoi penser ?
Et si la transparence de leur apparence était en fait LA vraie et unique REPONSE à TOUT ?
Cette supposition n?est pas en contradiction avec le début de mon délire cnidairien ou je laisser poindre un doute quand à l?existence d?un organe dispenseur d?intelligence.
Notre cerveau ne serait t?il pas un restant fossile, une dernière trace d?un organe primitif qui nous aurait permis de nous traîner et de nous perdre dans les mille et mille erreurs de notre prétendue évolution ?
Et si la méduse était l?aboutissement intelligent d?une autre évolution bien plus avancée que la notre ?
Tu sais que cette hypothèse, que personne ne peut rejeter totalement, me passionne ?
Je suis retourné sur la plage ce matin afin de continuer et de parfaire mes observations. Sur le rivage calmé par la Trame (elle écrase les vague qui n?osent relever de la crête?) des petits tas brillants. Elles sont là, revenues, portées et déposées comme des outres gélatineuses sur un écrin de sable. Toutes rondes, flageolantes?mais en fin de course. Et oui, leur domaine vitale n?est pas la plage à bronzer?Ici, elles viennent mourir et épandre leur matière au travers du sable qui les filtre avant de les renvoyer par le cheminement « soussablain » (cherche pas : mot inventé), d?où elles viennent. Redevenir le liquide amniotique marin de leur existence passée. Quel pied ! Au diable religions, croyances toxiques et autres néfastes ralentisseurs de vie?Ici tu meurs et le temps d?une marée tu es de nouveau dans le cycle de vie?
Déjà là?on perçoit l?étendue du chemin qu?elles ont parcouru pour parfaire ce moment crucial. Alors que toute sa vie durant, l?humain va traîner dans son inconscient ce boulet sous forme de mystère interrogatif : ou vais je et que vais je devenir ? Pour les méduses, une vague, une plage, je m'immisce silencieusement et intimement dans les tréfonds sableux et je renais à la vie dans le sillage de mon passé qui n'est même pas encore effacé..
Faut plus qu'un cerveau moyen d?humain pour admettre de n'être rien, de finir rien et de repartir vers pas grand chose. Faut du transparent.
Donc, pour avoir un champ d?observations sérieux il faut aller à la rencontre des sujets. Lunettes de plongée, tuba, palmes et c?est parti.
La première observation que je fais est d?ordre générale : L?eau est froide. Ca caille. 17° maxi. Et personnelle: Avec les lunettes j?ai une vision étrange de mon propre corps : poils raides, peau flasque et blanchâtre qui flagelle au rythme de mes mouvements?Que vont penser de moi les méduses de rencontre? ?
Et justement voici notre premier sujet. Une belle méduse de la taille d?un demi melon de Grandbois en Provence (les meilleurs du monde). Elle est bien évidemment transparente mais avec à l?intérieur une sorte de noyau bleuté. Peut être un petit fond de débilité sans importance notable. C'est ce bleuté d 'ailleurs qui m?a permis de la repérer. Je m?approche d?elle . Elle est calme, sereine et même il y a une espèce de béatitude dans l?image qu?elle projette... Je te rappelle qu?elle est dans une phase ultime de sa vie?Sa vie qui s?achèvera dés qu?une vague, telle une douce main maternelle, la déposera sur le rivage.
Laissons donc celle ci aller vers un destin dont l?horizon n?est à peine éloigné que de quelques brasses?Je lui souhaite un bon retour au monde, programmé par cette fin de vie imminente.
Et je pars au large.
Alors des méduses j?en ai rencontré de toutes les sortes, de toutes les tailles, de toutes les couleurs, ce qui prouve leur sensibilité au perçu esthétique?Certaines avec filaments et d?autres sans, avec corolle ou pas, des plates et des rondes (le cubismes n?existe pas chez les méduses)?et jamais dans toutes ces rencontres je n?ai perçu la plus petite part d?agressivité, entendu le moindre mauvais mot, reçu la moindre menace?Je n?ai jamais vu une seule méduse mettre en danger son environnement immédiat et les êtres vivants qui l?entouraient par son comportement, pas plus que je ne les ai vu dévaster les champs d'algues, arracher les coquillages des rochers ou se moquer des hippocampes ou des Bernard l'Hermite. J?ai constaté qu?elles pouvaient emprunter tous les chemins sous marin sans laisser aucune trace de leur passage. J?ai été entouré, dans un courant tiédasse, de centaine de méduses qui ne semblaient être là que pour leur plaisir, et je n?ai entendu aucun bruit gênant, aucune plainte, aucun cri, rien?Dans un lieu qui semblait être un site de rassemblement j?ai pu observer des milliers de méduses qui se côtoyaient, se frôlaient, s?étreignaient même et je n?ai vu ou entendu aucune dispute, aucun comportement dominant ou de compétition. Je n'ai observé aucune hiérarchie dans leur organisation de vie, pas plus que je n'ai constaté que certaines aient pu me surveiller ou se méfier de ma présence parmis elle.
Et en plus en faisant un tour complet sur moi même j'ai pu constater que leur présence dans ce milieu sous marin rendait le paysage d'une grande beauté et aussi qu'elles participaient à l'équilibre quasi parfait de ce paysage.
Avant même ma sortie de l'eau mon opinion était ficelée: Oui les méduses nous sont supérieur. Non, en fait, elle ne sont pas des outres remplit de gélatine comme j'ai pu le dire plus haut, mais elles sont de précieux flacons emplit d' huile essentielle d'intelligence d'une inestimable valeur.
Lorsque je suis revenu sur la plage, j'ai été surpris d'avoir passé autant de temps dans l'eau. Les observations passionnantes ont cela qu'elles démontent les rouages du temps et peuvent faire de l'instant une vie entière.
Sur la plage les corps humains avaient envahi l'espace et piétinaient mon labo. Le bruit était assourdissant. Sur l'eau, au ras des vaguelettes passaient et repassaient des scooters de mer puant et pétaradant de la rage de leur pilote à se faire mieux voir, des quads au faciès monstrueux de laideur ravageaient le sous sable si fragile et faisant jaillir des geysers de sable et de coquillage pulvérisés...J'ai fuis ou tenté de le faire en esquivant les trajectoires des 4x4 et des voitures qui prenaient la grandes esplanade naturelle du littorale pour un parking de super marché...Je suis parvenu jusqu'à la petite route qui est mon chemin de repli...J'ai du encore me pousser dans les pauvres bas coté garni de poubelle et de carcasses, afin d'éviter une horde de motos tout terrain qui m'ont laissé à demi asphyxié...
Et je suis rentré.
Le soir la télé m'a parlé d'une fuite de pétrole qui allait envahir le monde petit à petit (comme si cela n'était pas déjà fait), d'un fou tellement gentil d'habitude qu'il n'a tué que 13 personnes (heureusement qu'il n'avait pas un ordinaire de méchant!),
d'un monde ou le tiers des humains font pipi chaque matin sur les deux autres tiers de l'humanité en leur demandant de bien vouloir en plus nettoyer la cuvette des WC...Elle m'a parlé aussi de chasse à l'homme entre les hommes. D'un certain gibier humain qu'il est bon de traquer, de parquer et d'éliminer parce qu'il semblerait qu'il a tendance à se déplacer entre des frontières qui cloisonnent des endroits ou tu peux t'asseoir en terrasse pour boire un verre d'eau , ou tu peux rentrer chez toi le soir sans risquer de te faire décapiter et d'autres ou même respirer relève de l'exploit à vivre.... Vaut mieux avoir l'étoile de la bonne couleur chez les humains.
Et quand je pense que tout cela est programmé dans les 1,5kg de masse grise du cerveau humain...
Conclusion:
Si l'on considère l'intelligence comme la source énergétique de la pensée peut être faut t'il effectivement relativiser l'importance de cette source chez la méduse. Sa puissance chez l'homme est incomparable.
Mais si l'intelligence est une source de raisonnement uniquement tourné vers la vie dans ce qu'elle a de plus éloigné de la connerie, de la méchanceté et de la bêtise, alors là oui, la méduse surpasse largement les capacités humaines.
Et rien ne prouve qu'elle n'est pas ça.
Il n'est qu'à observer autour de soit.
Bon, je vous quitte...c'est vent du sud aujourd'hui et faut pas rater le spectacle des vagues...
A plus
henri
Si vous vous ennuyez passé donc sur mon blog:
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Il est dédié à ma fille Margaux
:c9: 
